mars 21, 2022 2 lire la lecture
Les primevères ont poussé.
Dans l'esprit de nos enfants, ils représentent les premières sorties après le long hiver. Les primevères brisent le sous-bois brun avec leurs fleurs joyeuses et c'est toujours un plaisir de les voir victorieuses du froid. La signification est claire : nous sommes sortis de la mauvaise saison.
Pourtant, ils ont une force concentrée pour se détacher, se rebeller, laisser à d'autres fleurs, à des plantes plus durables, la gloire de symboliser le printemps.
Leur beauté réside précisément dans ce chant de victoire. Au milieu des règles impitoyables de la nature, la jussie est destinée à être belle, désespéréeet délicate. Pour ne se donner qu'à ceux qui vont au-delà du regard distrait. Indispensable pour faire venir le printemps, inutile pour le faire perdurer.
Aujourd'hui, par un lundi enfin chaud, pour tenter de me distraire de la présence obsédante de la pandémie et des menaces de fermeture de ces temps sombres, j'ai délibérément pris le temps de me consacrer à quelques primevères, qui se ratatinent déjà après quelques jours de floraison stridente.
J'en ai pris soin comme de leurs sœurs plus nobles et plus célèbres, les roses maintenant avec leurs premiers bourgeons, en enlevant les feuilles pourries, les pétales usés aux extrémités, en changeant la terre, en fertilisant la terre, en enlevant un "ciseau" du pot qui me piquait aussi. Le pépiniériste était presque stupéfait lorsque je lui ai demandé ce matin comment "traiter" les primevères : "On ne fait rien aux primevères, elles durent un mois et ensuite il y a d'autres fleurs".
Au contraire, ce dévouementà la jussie m'a fait du bien. Alors que je les décantais à la fin du toilettage, un chat s'est arrêté, impassible et statufié, presque comme pour me complimenter sur l'acte exquisément inutile et sacrément relaxant que je perpétuais.
Je les ai placés contre un vieux mur délabré et décharné, sur des vases en terre cuite ancrés à un vieux fer forgé dévoré par la rouille. Les rides séculaires du temps soulignent la quintessence d'une vie courte, merveilleuse et héroïque : la primevère.
Au loin, j'ai entendu un train s'éloigner. Une ambulance. Et puis encore le silence de ce lundi de la fin mars.
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